L'arrivée de la pluridisciplinarité dans les services de santé au travail a offert plus de prérogatives et de visibilité à l'infirmier en santé au travail. Rencontre avec Nadine Rauch, présidente du Groupement des infirmiers en santé au travail, dont les trois chevaux de bataille sont le statut de salarié protégé, la reconnaissance de leur spécificité en spécialité, et la formation.
► Nadine Rauch est infirmière en santé au travail dans un service autonome, chez Johnson and Johnson (industrie pharmaceutique), et présidente du GIT (Groupement des infirmiers en santé au travail). Nous avons profité des journées nationales d'étude et de formation de l'association, organisées à Toulouse du 9 au 11 octobre 2019, pour lui demander quelles sont ses revendications et revenir sur les relations qu'ont les infirmiers avec les médecins et les employeurs. |
Nadine Rauch : Avec la pénurie de médecins du travail, nous nous sommes aperçus qu'il existait peut-être une autre manière d'assurer le suivi de l'état de santé du salarié. Sont alors arrivées les visites d'information et de prévention, élaborées sous protocole avec le médecin du travail, et pouvant être assurées par les infirmiers. Mais en dehors de ce protocole, nous avons des missions propres qui découlent de la circulaire Oheix, du code de santé publique, du code de la sécurité sociale, du code du travail et du code de déontologie. Elles nous permettent de mener des actions de prévention individuelles ou collectives, et un des atouts principaux pour cela est la connaissance de l'entreprise. Or, certains infirmiers, grâce à leur présence permanente dans l'entreprise, en ont une connaissance plus approfondie que le médecin, qui lui doit suivre plusieurs entreprises en même temps s'il fait partie d’un service interentreprises.
Nadine Rauch : Le médecin reste le coordinateur de toute l'équipe pluridisciplinaire. Il peut déléguer certaines tâches, mais n'en a pas l'obligation. Alors oui, il doit faire confiance à l'infirmier, parce qu'il sait qu'il a la compétence et l'expérience. De manière générale, la collaboration se passe très bien, c'est parfois un peu plus complexe. On espère que dans les années à venir, les collaborations seront tellement fluides qu'on ne verra plus cette réticence de certains.
Nadine Rauch : Aujourd'hui l'infirmier est de plus en plus mis au devant de la scène. Il est souvent seul dans l'entreprise. Quand nous sommes infirmier en service autonome ou infirmier en entreprise, notre employeur est l'entreprise dans laquelle nous travaillons, même si la loi dit que techniquement nous dépendons du médecin du travail. Nous devons donc pouvoir travailler de manière autonome et indépendante sans pression de la part de notre employeur. Nous devons pouvoir mettre en avant ce statut de salarié protégé pour éviter les conflits d'intérêt et d'être pris à partie.
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Nadine Rauch : Ce n'est pas commun, mais nous avons de temps en temps des cas de situations complexes qui nous sont remontés. Certaines directions mettent la pression pour avoir des informations sur les salariés alors que nous sommes soumis au secret professionnel, par exemple. Autre problème, un infirmier d'un service interentreprise est dépêché dans une entreprise pour réaliser des visites d'information et prévention, où exerce déjà une infirmière qui n'y est, elle, pas autorisé…
Nadine Rauch : Certaines entreprises ont encore du mal à comprendre quel est notre métier exact, quelles sont nos missions. Donc il peut y avoir des glissements de tâches. Par exemple, nombreuses sont les entreprises qui sous-traitent les ressources humaines, donc il n'y a plus personne sur le site pour assurer la fonction, alors on se dit "tiens l'infirmier en bas, on ne sait pas trop ce qu'il fait, on va lui donner un peu de travail RH". Ce n'est pas toujours évident de dire non à son employeur, surtout quand vous êtes seul dans l'entreprise, que vous n'avez pas beaucoup d'expérience. C'est pour cela qu'il est primordial que l'infirmier en santé au travail ait une formation diplômante pour connaître son champ d'action et où se situent les limites de son intervention.
Nadine Rauch : La loi impose à l'employeur de former l'infirmier dans l'année qui suit son embauche mais ne stipule pas le type de formation. Il s'agit de 150 heures mais cela peut être assuré par n'importe quel organisme. Nous souhaitons des diplômes universitaires, pas des certifications. Le GIT demande donc que toutes les formations soient diplomantes, elles existent déjà d'ailleurs (DUST, licences et masters). De nombreuses entreprises exigent maintenant un diplôme universitaire.
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